L’abbaye de Cluny fut sécularisée en 1790 et les derniers moines quittèrent le site peu après. Cluny, symbole du système féodal, disparaissait avec celui-ci. Vint alors le temps des historiens, qui s’activèrent à construire une histoire rationnelle du Moyen Âge.
Puis celui du Romantisme, qui aima imaginer un Moyen Âge fantasmé en miroir inversé de la modernité triomphante. Et celui du patrimoine, qui se chargea de transformer des ruines en monuments historiques alors même que le sens original des édifices se perdait.
La conférence s’intéressera aux relectures dont l’abbaye de Cluny fut l’objet depuis deux siècles, entre oubli, négligence, commémorations, reconstructions et réinventions, de 1830 à aujourd’hui, à l’heure où un réseau européen de « sites clunisiens » répartis à travers l’Europe frappe à la porte du patrimoine mondial de l’UNESCO.