Cette définition se fait principalement sous l’angle de l’architecture, en s’appuyant sur celle qui a été développée sur la côte méditerranéenne et sur les usages divers qu’elle suscite. Pour créer la matière de cette exposition, nous avons fait un voyage lent, entre Marseille et Roquebrune-Cap-Martin. Nous « déplions » le plus possible cette interface maritime en prenant toujours la route la plus proche de la mer et en nous arrêtant régulièrement et aléatoirement pour relever des situations.

Des jalons d’architecture savante, particulièrement manifestes de cette condition, structurent ce périple. On peut citer la Medina de Notre-Dame-de-la-Garde à la Ciotat, les Sablettes à la Seyne-sur-Mer, les Katikias, etc. Notre inventaire ne s’arrête pas à ces icônes, il va aussi chercher des éléments plus anonymes, représentatifs d’une architecture opportuniste faite par des promoteur·ices, des restaurateur·ices, des campings, des paillotes, des ouvrages informels.

Cet ensemble tente d’établir un portrait de ce territoire néo-urbain qu’est la côte méditerranéenne, manifeste d’une architecture balnéaire libérée et situationnelle. Cette architecture qui, avant beaucoup d’autres, a trouvé son écriture et sa grammaire dans les conditions de vie qu’elle offrait à ses habitant·es : l’ombre, la vue, des matériaux simples, un rapport à la nature… Cette architecture illustre d’une certaine manière des sujets très contemporains : la décélération des rythmes de vie, l’habitabilité, l’adaptation climatique. Elle trouve un point d’équilibre entre une qualité environnementale lowtech, ventilée et ombragée et une générosité simple pour les habitant·es, toujours en contact avec leur environnement et le paysage.

L’exposition est constituée d’un corpus de photographies issues du voyage, format « carte postale », comme un hommage à cette communication spécifique aux vacances et à cette culture de photographes amateur·ices remplissant leurs albums photo. Les photographies sont organisées sur un des murs de l’espace d’exposition. En regard de ces cartes postales photographiques nous avons convoqué 10 auteur·ices, journalistes, cinéastes, architectes… à écrire des textes sur « La Balnéaire ».

Nous avons souhaité apporter à notre errance poétique une balance critique, plus radicale et surtout plurielle. Car « La Balnéaire » ce n’est pas ce trajet unique que nous avons parcouru entre Marseille et Roquebrune, il s’agit de multiples récits, témoignages, manières d’habiter et de contempler.
Nous choisissons ainsi de considérer ce terme par le prisme de son étymologie, balnéaire qui vient du latin balnearius « de bain, relatif aux bains », et son sens physique : un corps immergé dans l’eau qui subit une force, soumis au champ de la gravité, il en résulte la poussée d’Archimède.
Le terme ainsi décontextualisé, nous permet de nous écarter du trait de côte car « La Balnéaire » c’est aussi la crise migratoire avec la Méditerranée comme cimetière pour des milliers de personnes par an, la hausse des températures, l’envahissement de la faune et de la flore endémique par des espèces invasives comme les algues laphocladia et rugulopteryx, le poisson globe et la rascasse ainsi que plusieurs espèces de méduses - qui présentent un risque toxique pour le vivant indigène...
Entre ces deux extrêmes, il existe une infinité de récits balnéaires.

Appeler l’exposition « La Balnéaire » est une manière, en transformant l’adjectif en substantif, de ne pas nommer ce qu’il qualifie et de laisser ouvert le sujet que chacun·e y mettra. L’architecture balnéaire, la condition balnéaire, le climat balnéaire, etc.

28 avril 2024 - 3 novembre 2024
Hangar Cap Moderne, Roquebrune-Cap-Martin

Vernissage : samedi 27 avril 2024, à 17h

Entrée libre, RSVP : capmoderne@monuments-nationaux.fr

Exposition organisée par l’association Eileen Gray. Etoile de mer. Le Corbusier
Et par le Centre des Monuments Nationaux
En partenariat avec le Fonds de Dotation Quartus pour l’Architecture

Commissaires : Concorde & Milena Charbit