Rouge brique

-édito- Dans son récit Géologies, l’écrivain Pierre Bergounioux fait l’hypothèse que le sol et le sous-sol que l’on habite, ceux sur lesquels on grandit, façonnent nos affects et orientent notre avenir. Ses souvenirs d’enfance, entre le Lot et le Limousin, racontent le destin des hommes et femmes répartis sur les mauvaises terres et les bonnes terres, celles dont le rendement est supérieur.

La brique est constituée de l’argile extraite du sol, de cette géologie qui semble nous déterminer. Il existe des villes de briques et des villes de pierres. Dans la critique qui conclut ce numéro, Xavier Wrona rappelle le lien induit par Alberti entre le matériau de construction et la société qu’il édifie. La brique qu’il évoque, et à travers elle l’architecture, réifie une condition sociale et élabore des sensibilités politiques. Qu’en est-il aujourd’hui, alors que cette brique si simple, un volume de terre cuite, un bout de sol pour construire des murs, s’est industrialisée ? Lorsque la terre d’ici traverse les continents pour faire murs ailleurs ? Lorsque la brique pleine et structurelle est rendue si fi ne pour n’être plus que le signe d’une histoire locale affichée en façade ? Et qu’en est-il de la brique de Louis Kahn à qui l’on demande ce qu’elle veut devenir ? Son visage complice et perplexe inaugure ce numéro. Il nous repose la question : que sont devenues les briques ? ★

Sébastien Martinez-Barat

 

200 000 tonnes de briques. Reportage dans l’usine Terreal de Colomiers par Lulu images • Récit du projet Demoiselles par Raphaël Betillon et Alexis Le Gallo • De foraine à moderne : évolutions ou révolutions de la brique en Midi toulousain par Laura Girard • La brique rouge est un pavé dans la face monstrueuse du capital par Xavier Wrona