La mort et cie

-édito- Il arrive parfois que l’on meure. Mort anonyme, mort glorieuse, mort suspecte, mort paisible, mort oubliée, mort domestique… mort quand même. Là encore, l’architecture nous accompagne pour supporter les actes funéraires, le deuil et la mémoire. Fait commun à toutes les civilisations, la mort produit des formes et des rituels qui accompagnent la séparation du défunt de la communauté des vivants. Cette architecture pour les morts est aussi produite par et pour ceux qui restent, les vivants.

Dans un article resté célèbre, « L’observation flottante, l’exemple d’un cimetière parisien », l’anthropologue Colette Pétonnet considère au gré du hasard des rencontres le cimetière du Père Lachaise et fait le récit d’un espace social, de promenades et de partage de connaissances dont les sépultures et le statuaire deviennent les catalyseurs. Le cimetière y est accueillant et prend place dans la ville. Ce numéro de Plan Libre explore les situations sociales de la mort.

La cérémonie durant laquelle le corps quitte l’assemblée des vivants est au centre du travail des architectes Pauline Gervais et Clara Hubert. Elles proposent une traduction architecturale et rituelle à cet acte de séparation ultime. Benjamin Lafore repère les dispositifs de réification de la mort future, présente ou passée issues des cultures populaires et architecturales. Barry Bergdoll revient sur quelques tombes d’architectes et le désir vaniteux de sépultures laissées à la découverte des générations futures. Enfin les « pré-architectures » de Marc Leschellier ont l’apparence funeste des ruines, de tombes oubliées, mais sont élaborées par la volatilité crue et sans atour d’une construction directe ★

Sébastien Martinez-Barat
Rédacteur en chef invité de ce numéro : Benjamin Lafore

 

préarchitecture par Marc Leschelier • Comment quitter nos morts? par Pauline Gervais et Clara Hubert • Recueil interrompu de dispositifs funèbres par Benjamin Lafore • Lector, si monumentum requiris circumspice par Barry Bergdoll